Benjamin Moignard, en charge de la recherche-évaluation du programme PEGASE

Professeur des Universités à l’université Cergy-Paris, membre du laboratoire EMA (Ecole, Mutations, Apprentissages) et de l’Observatoire Universitaire International Éducation et Prévention, Benjamin Moignard mène des travaux dans le champ scolaire, notamment sur les dispositifs et programmes qui visent à améliorer la réussite des élèves. Entouré d’une équipe de 3 chercheurs, il est en charge de la recherche-évaluation du programme expérimental de généralisation des arts à l’école, PEGASE.

Quelle est l’ambition et l’approche de cette recherche-évaluation ?

Cette recherche-évaluation vise à saisir les effets de l’éducation artistique et culturelle telle que menée avec PEGASE. Il s’agit également d’identifier les conditions optimales de fonctionnement. Regarder les contextes dans lesquels se déploie le programme est en effet très important pour comprendre ce qu’il est susceptible de produire ou pas, mais aussi pour ne pas attribuer artificiellement des effets là où on sait qu’il y a une pluralité de facteurs. Elle s’appuie à la fois sur les savoirs existants et sur une très importante enquête de terrain.

Pouvez-vous nous présenter l’équipe ?

Nous sommes une équipe de 4 chercheurs en éducation, avec différentes spécialités et intérêts comme le développement de programmes visant la réussite des élèves, l’investissement et la perception des jeunes dans les programmes d’intervention en milieu scolaire, l’accès à la culture, les pratiques culturelles juvéniles…

Audrey Boulin est maîtresse de conférences à l’université Cergy-Paris et membre du laboratoire EMA. Dieynébou Fofana-Ballester est maîtresse de conférences à l’université Paris-Est-Créteil et membre du LIRTES (Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales). Très impliquée sur le terrain, Rosa Bortolotti est doctorante en sciences de l’éducation à Cergy Paris Université, membre du Laboratoire ÉMA.

Quelle est la particularité de cette recherche?

Les recherches de cette envergure sont assez rares en France. Le plus souvent, les travaux sont réalisés à l’échelle d’un établissement. Ici, nous appréhendons le programme dans 5 établissements, qui vont de la maternelle au lycée. De plus, nous sommes dans un processus au long cours, sur 3 ans qui nous permettent d’observer et d’analyser les différentes phases : la mise en place, le développement et la manière dont l’action se pérennise ou pas. Ce facteur temps essentiel est précieux.

Au-delà de PEGASE, cette recherche va ainsi pouvoir alimenter les connaissances et donner de la visibilité à l’éducation artistique et culturelle dans le champ scientifique.

Quels sont donc vos objectifs opérationnels ?

Nous avons établi 5 objectifs :

  • – Saisir le cadre du programme PEGASE, c’est-à-dire le définir et le qualifier;
  • – Comprendre ses modalités de mise en œuvre à l’échelle des établissements et comment les acteurs s’approprient ce programme en situation réelle;
  • – Mesurer les effets, en particulier sur l’amélioration du climat scolaire;
  • – Mesurer les effets sur les pratiques et usages des professionnels enseignants et du monde culturel;
  • – Identifier les résultats en terme d’alliances, de partenariats entre les acteurs impliqués, notamment entre les professeurs et les artistes.

J’en profite pour souligner l’importance du climat scolaire dans la réussite des élèves. La recherche a démontré que ce facteur est décisif, notamment pour les élèves les plus éloignés de la culture scolaire. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, il n’est pas qu’un enjeu de bien-être, lié à la prévention des violences, etc. Les activités liées à l’EAC sont un prisme tout à fait intéressant pour analyser le climat sur des éléments déterminants : le travail en équipe, le sentiment d’appartenance à un établissement, des dynamiques collectives et partagées entre élèves et enseignants, etc…

Comment menez-vous cette recherche ? 

Nous sommes sur des méthodes mixtes mêlant du qualitatif et du quantitatif. Nous sommes présents dans tous les établissements, observons l’ensemble des projets menés avec un travail plus approfondi sur certains d’entre eux. A ce jour, nous avons mené 142 entretiens avec les professeurs, les référents culture, les artistes intervenants, les représentants des structures culturelles, et bien entendu les élèves. Nous allons continuer par le biais de questionnaires. Il faut vraiment remercier les élèves et les personnels qui nous ont toujours accueillis très favorablement. Nous venons de traverser une période compliquée pour les établissements, avec des directions sous pression au regard des contraintes sanitaires qui évoluaient parfois au jour le jour. Pourtant, les portes ont toujours été ouvertes.

Aussi, nous avons des liens réguliers avec la Fondation et le Rectorat lors de comités de pilotage pour rendre compte des avancées et d’éventuelles difficultés rencontrées en cours de route.

Un mot à ajouter pour conclure ?

Nous travaillons en grande confiance et en totale liberté avec la Fondation et l’Académie. C’est très important pour nous, universitaires, car nous devons être libres de nos conclusions. Nous avons les moyens de travailler sans entrave. Je tiens à saluer cette collaboration qui se déroule de manière fluide et en toute indépendance.

 

En savoir plus sur les publications de Benjamin Moignard : https://cv.archives-ouvertes.fr/benjamin-moignard

Dernière publication : Jeunesse, genre et violences 2.0, Editions L’Harmattan

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